La médecine générale, maillon essentiel du système de santé, fait face à des défis dont les médecins sont les principaux tributaires. Pour les médecins généralistes en France, la Suisse peut représenter une destination attrayante pour de nombreuses raisons.

Cependant, s’installer dans un nouveau pays et s’adapter à un nouveau système de santé n’est pas la solution pour tous. Il est important de se poser les questions adéquates pour arriver à prendre la bonne décision, sur le plan personnel, professionnel et familial.

Pour ceux qui souhaitent franchir le pas, le changement sera important. Il est ainsi préférable de préparer la transition et de fixer en amont des bases solides sur lesquelles le médecin et sa famille pourront se reposer une fois arrivés au pays du chocolat.

 

La vie en Suisse

Les régions francophones de la Suisse

La Suisse est un pays quadrilingue. La partie francophone, aussi appelée Romandie, compose environ un quart de sa population et comprend six cantons.

Le canton de Genève est connu pour sa richesse culturelle et son caractère cosmopolite avec ses organisations internationales. Vaud est le plus grand canton romand. Lausanne, sa capitale, est un hub d’innovation avec l’EPFL, l’une des universités les plus réputées d’Europe, et le CHUV, un hôpital universitaire renommé. Le canton de Neuchâtel est connu pour son industrie horlogère. Le Jura offre tranquillité et nature. Le Valais est reconnu pour ses montagnes et son tourisme. Fribourg est un canton bilingue très attaché à ses traditions. Chaque canton offre des expériences uniques selon les sensibilités de chacun.

Tous ont un caractère propre et présentent des intérêts auxquelles chacun attribuera une importance qui dépend de ses sensibilités. La Romandie reste toutefois un petit territoire dans lequel il est facile de se déplacer.

Spécificités sociales et culturelles

La Suisse est reconnue pour sa stabilité et son sens de l’ordre. La société Suisse est très axée sur la communauté. Ils respectent les droits et les libertés de chacun, tout en insistant sur l’importance de la contribution au bien commun. Ainsi les Suisses sont indépendants, responsables et valorisent la ponctualité, le respect de la vie privée et la discrétion. La nature tient une place importante dans la vie suisse, contribuant à une qualité de vie élevée.

La Romandie, de par sa forte immigration, est une région multiculturelle. La culture y est également influencée par la France voisine, mais les Romands sont fiers d’être suisse, avec des traditions et des événements culturels distincts variant d’une région à l’autre.

Comprendre et respecter ces spécificités culturelles est essentiel pour une bonne intégration et une vie épanouie en Suisse.

 

Le travail en Suisse

Le cadre légal associé à la pratique de la médecine

En Suisse, comme en France, la pratique de la médecine est soumise à des règles déontologiques strictes. La FMH (Foederatio Medicorum Helveticorum) est l’association professionnelle des médecins en Suisse. Elle présente les principes éthiques et professionnels que tous les médecins doivent respecter dans Le Code de déontologie de la FMH, notamment le respect de la dignité humaine, la protection de la santé, la confidentialité et le consentement éclairé.

La pratique de la médecine est encadrée par diverses lois et réglementations qui visent à garantir la qualité et la sécurité des soins de santé. Elle est conditionnée par une autorisation de pratiquer et une autorisation de de facturer, formellement appelée autorisation de pratiquer à charge de l’AOS (assurance obligatoire des soins).

Pour obtenir son autorisation de pratiquer, un médecin doit être en possession d’un diplôme de médecine, d’un « titre postgrade » reconnu par la Confédération Suisse et d’une autorisation formelle de la part de la commission médicale du canton où le médecin souhaite pratiquer. Cette autorisation, aussi appelée « droit de pratique », est délivrée après une vérification de la formation du médecin et de son aptitude à exercer la profession.

L’autorisation de facturer n’est nécessaire que pour facturer à l’assurance maladie de base, pas pour facturer aux autres assurances (accident, invalidité, militaire, internationales, complémentaires, etc.) ni aux patients qui souhaitent prendre en charge leur facture eux-mêmes. Il est toutefois, à de très rares exceptions près, nécessaire de facturer à l’assurance maladie de base et donc d’obtenir ladite autorisation qui s’obtient auprès de la commission médicale du canton où le médecin souhaite pratiquer

Il est important de noter que si la loi est définie au niveau de la confédération Suisse, son application est gérée au niveau des cantons, ce qui induit des différences significatives, notamment pour la difficulté à obtenir les autorisations. Il est vivement recommandé, pour venir pratiquer en Suisse, de se familiariser avec ces lois et réglementations.

Les principales différences entre la pratique de la médecine générale en France et en Suisse

La pratique de la médecine générale en France et en Suisse partage de nombreux points communs, notamment un fort engagement envers la qualité des soins et le bien-être des patients. Cependant, il existe également des différences significatives entre les deux systèmes de santé.

Comme évoqué dans la partie précédente, le cadre légal régissant la pratique de la médecine en Suisse est spécifique. Cela a des implications pour l’installation du médecin mais également dans sa pratique. La facturation, par exemple, ne se fait pas au forfait mais au temps et à la prestation.

En Suisse, les patients sont rendus conscient des coûts de la santé de par le système. Ils ont généralement un accès plus direct à leurs médecins, sont plus impliqués dans les décisions concernant leurs soins et ont des attentes plus élevées concernant leur santé. Cela peut nécessiter une approche différente de la relation médecin-patient et de la communication.

En Suisse, les médecins généralistes sont généralement mieux rémunérés qu’en France. Cela s’explique en partie par le coût de la vie plus élevé en Suisse, mais aussi par une valorisation différente de la profession médicale. Ainsi, les médecins suisses ont tendance à travailler moins d’heures par semaine que leurs homologues français. La pratique de la médecine n’en suit pas pour autant un horaire de bureau mais la vie privée et de famille bénéficient de cette différence.

La formation médicale continue est obligatoire en Suisse. Les médecins qui pratiquent en Suisse doivent donc s’engager dans une formation continue et se tenir informé des dernières avancées dans leur domaine. En outre, ils bénéficient d’une plus grande liberté thérapeutique. Ils peuvent prescrire des traitements qui ne sont pas remboursés par l’assurance maladie, à condition que le patient soit informé et accepte de payer le traitement.

Ces différences nécessitent une adaptation mais elles sont souvent plus perçues comme des opportunités que comme des contraintes. Ainsi, la transition est généralement rapide et se déroule sans grande difficulté.

 

A suivre…